Une petite fée nommée Zita
Si vous êtes de Cayenne et ses environs et que vous êtes une fille, vous connaissez certainement la boutique Peach & Cream ! Un grand magasin de (beaux) vêtements avec plein de choix, situé au début de la rue Lalouette, ça ne vous dit rien ?? Mais si! (non n’aurait pas été une réponse acceptable) Plus sérieusement, derrière cette enseigne se cache un petit bout de femme qui a fait d’une passion venue sur le tard son métier. Il s’agit de Zita Kuo.
Zita, quand vous la voyez, sourit toujours et court derrière ses petits bouts . Elle est née et a grandi en Guyane, ainée et seule fille d’une fratrie de 4 enfants. Elle s’est retrouvée, sans ses parents, à Paris, dès le lycée. Elle, qui n’a jamais prêté un intérêt particulier pour les vêtements ou la mode, passe alors souvent de longs moments à regarder les gens qui passent. Pas pour les juger. Mais plutôt pour observer. Observer les allures, les looks. Le bac en poche, elle n’a alors aucune idée de ce qu’elle pourrait faire. Après une année de chinois, elle décide de s’orienter vers le textile. Elle aime le dessin, les arts, elle a appris à aimer le style lors de ses contemplations, elle intègre alors la prestigieuse école ESMOD (sans même en connaitre la réputation d’ailleurs).
Elle s’y forme durant 3 ans au stylisme/modélisme. L’élitisme et le cynisme du monde de la couture la surprennent d’abord. C’est pour elle une période de doutes, où l’envie d’abandonner survient souvent et où les nuits blanches se succèdent. Cependant, aujourd’hui Zita retient le coté positif des différents stages qu’elle effectue durant cette période. De bureaux de style en marques de prêt-à-porter, les plus petites structures sont celles qui lui permettent le plus de se faire la main.
Son diplôme obtenu, elle débute sa carrière chez Morgan où elle avait déjà eu l’occasion d’effectuer un stage. Elle y sera d’abord assistante styliste tissus, puis assistante styliste vêtement. Cependant, elle confie avoir trouvé peu d’épanouissement en travaillant dans ce genre de « grosse machine ». Elle exercera alors ses talents chez Taverniti, marque italienne de sportswear haut de gamme.
Quelques années passent, et Zita, suite à un défi, décide de tout plaquer pour partir à l’aventure à New-York qu’elle ne connait alors pas du tout. Et même si l’aventure n’est pas dans son tempérament, elle ne regrettera pas sa décision. Pendant 7 mois, vivant sur ses économies, elle passe ses matinées en cours d’anglais, et ses après-midi à flâner à Soho entre ses contemplations des passants et celles des vitrines de bijoutiers. L’atmosphère du lieu la transporte.
A son retour à Paris, c’est décidé, ce n’est plus à la confection de vêtements qu’elle veut se consacrer, mais à celle de bijoux. Elle a le sentiment d’avoir enfin trouvé sa voie. Se renseignant alors sur les études à suivre, elle se rend rapidement compte qu’elles sont hors de prix. C’est donc en autodidacte qu’elle se lance dans l’aventure. Elle achète des bijoux fantaisies qu’elle démonte pour les remonter ensuite, elle jette un œil aux tutoriels sur youtube, tout est bon pour apprendre. Les débuts techniques sont difficiles et chronophages et elle reconnait quelques loupés. Mais il fallait bien se faire la main, expérimenter, apprivoiser les gestes. Cette première étape réglée, enfin satisfaite de sa production, elle dépose sa marque : « La Petite Fée By Zita ».
La 1ère année les bijoux de Zita se sont principalement vendus dans son entourage. Le bouche à oreille faisant son effet, une amie lui propose de les vendre dans une boutique du 16ème arrondissement parisien. Le temps passant , en parallèle, elle tente sa chance dans la vente en ligne sur My Litte Market (Etsy). Elle y propose ses bijoux déjà confectionnés, puis des kits de bijoux à monter soi même. Ces kits rencontreront un succès certain et lui permettront de faire décoller sa marque, ainsi que de participer à des salons. Repérée par des chasseurs de tête, elle a l’opportunité d’exposer son travail à de nombreuses autres occasions. Elle se lance aussi dans la vente à domicile, ne comptant pas ses heures. Elle personnalise ses créations selon les demandes de ses clients. Elle reçoit dans la foulée de nombreuses commandes de mariées pour des créations personnalisées à porter pour leur grand jour. L’essentiel, pour Zita, c’est de faire ce qu’elle aime. Et c’est ce qu’elle fait. Sa marque a déjà 4 ans.
En 2013, son père lui suggère de revenir vivre en Guyane. Un mariage plus tard (le sien !), elle rentre en famille à Cayenne. Et Peach & Cream vit le jour. Au départ, Zita avait en tête une idée de concept store , un endroit mixte mêlant café et mode. Elle décidera finalement de s’orienter uniquement vers le vêtement, mais tout en conservant un nom « gourmand » pour sa boutique. A l’ouverture, ses bijoux faits mains originaux séduisent beaucoup de guyanaises. Puis, son premier fils vient au monde, l’obligeant à mettre de coté la partie créative de son activité. Et un deuxième petit garçon est venu rejoindre la famille dans la foulée.
Pour sa boutique, au début, Zita a écouté les conseils qu’elle a pû entendre lui recommandant de prendre en compte la « frilosité » guyanaise en matière de mode et de style. Elle a finalement décidé de suivre son instinct, et de se fier à ses goûts ainsi qu’aux tendances du moment pour sélectionner les pièces disponibles au magasin.
Mais elle n’a pas du tout abandonné son amour pour la création de bijoux, bien au contraire ! Une deuxième marque a d’ailleurs vue le jour « Inaïs » pour compléter la première. Celle-ci est réservée à une réalisation plus haut de gamme, en acier inoxydable. Elle attend juste que ses deux petits hommes soient un peu plus autonomes pour s’y consacrer pleinement ! Des horizons beaucoup plus larges que la Guyane réclament ses créations depuis un moment déjà.
Des idées (et des bonnes), Zita en a autant que de sourires : plein.